Je l’attendis. En vain. Elle ne vint pas. Tard dans la nuit, je me rendis à la brasserie. Je n’arrivai pas à m’introduire dans l’Érotérion : cette fois-ci, la porte coulissante donnant accès à l’espace où se trouvait Cynthia ne s’ouvrit pas. Je décidai de m’allonger quelques instants dans une des niches attenantes à la grande salle avec les trois grands buffets. Déjà je m’étais assoupi dans un des grands fauteuils, lorsque réapparut l’homme au crâne chauve.
Il se tint dans la baie donnant accès à la niche, et me dit, sans s’avancer vers moi :
« Monsieur, je me ferai un plaisir de vous apporter le nécessaire si vous désirez passer la nuit ici. Coussins, draps, couette, dentifrice, brosse à dents : nous disposons de tout ce qu’il vous faut. Mais si vous me permettez un conseil : je crois qu’il serait plus prudent de rentrer à l’hôtel.
- Cynthia, lui dis-je, où est Cynthia ?
- Ailleurs, car absente.
- Absente ?
- Malade, si vous préférez. Absente, parce que malade. Rien de grave, je vous l’assure. Une de ces petites maladies bénignes que nous connaissons tous, ici, à Sparte.
- Mais vous avez bien dit : malade, donc : Cynthia est malade ?
- Pas tout à fait. Et rien d’affolant, je vous le répète. Disons plutôt qu’elle est indisposée, ce qui la rend indisponible. Et elle est indisponible parce que sujette à une petite crise passagère. N’insistez pas. Revenez demain, à la même heure. Elle vous l’expliquera. »
Il avait parlé avec tant d’assurance, tant d’autorité, que je pris le parti de sortir et de rentrer à l’hôtel.
Lorsque, le lendemain, de retour à l’Érotérion, j’interrogeai Cynthia, elle reprit exactement les termes qu’avait utilisés cet homme : elle avait été « malade », elle s’était sentie « indisposée », avait « souffert d’une petite crise passagère, rien d’affolant ». Et elle ajouta, sur un ton de reproche :
- D’ailleurs, on est allé voir ton hôtel. Il ne convenait pas. Trop risqué.
- Trop risqué ?
- Trop de lumière.
J’aurais dû insister, exiger qu’elle m’en dise plus sur ce « on » (qui était ce ? cet homme chauve ?), lui demander de m’expliquer en quoi un « trop de lumière » pouvait rendre sa visite à mon hôtel « trop risquée », mais je préférais ne pas savoir. À vrai dire, la première déception passée, le fait qu’elle ne soit pas venue m’avait soulagé. J’avais été terrifié à l’idée que ma famille apprenne qu’une femme, autre que Phrynè, était venue me rendre visite à l’hôtel.
J’ignorais que ce n’était pas de ma famille qu’il fallait me méfier ; c’était de Sparte. Oui, Sparte II ne cessait de s’occuper de moi. Sparte savait ce que je faisais là. Je le prouverai en vous rapportant, mot à mot, ce que me dit un des Guetteurs du bureau de police de la Gare de l’Est.
Mais avant cela, je vous raconterai, de la façon la plus délicate, la plus décente possible, sans enfreindre nos lois, ce qui arriva cette même nuit, dans l’Érotérion, lorsque j’y faisais l’amour avec Cynthia.
J’entrai dans notre chambre à coucher avec un sentiment ambigu : j’étais heureux de retrouver Cynthia, et à la fois je me sentais blessé. La veille, elle m’avait fait attendre toute une nuit, sans m’avertir ; c’était dire combien peu je comptais pour elle. Il y avait une certaine défiance aussi, le soupçon qu’elle se jouait de moi, qu’elle me cachait quelque chose. Quoi ? Quelque chose qui avait à voir avec son corps, à coup sûr ; j’en avais, pour preuve, ces quelques changements subtils et éphémères que j’avais remarqués les nuits précédentes.
La question que je me posai était bien simple : y avait-il un lien entre ces quelques changements que j’avais aperçus dans la physionomie de Cynthia et sa « maladie » de la veille, plus précisément avec ce que l’homme chauve avait qualifié de « petite crise passagère » ?
Je résolus de m’arrêter au moindre indice qui me prouverait qu’en effet le corps de Cynthia subissait des changements physiques réels et qui ne relevaient pas de mon imagination. J’avais à ma disposition mes sens, le toucher surtout. J’avais l’ouïe aussi : je décidai de prêter attention à chaque soupir, chaque gémissement de la part de Cynthia, au moindre craquement du lit, à tout bruit dans le couloir qui puisse m’en apprendre plus sur elle.
Suite à cette résolution, mes caresses ressemblèrent plutôt à des tâtonnements prudents, contrôlés, exécutés dans un silence dense, pesant, à la recherche de ce qu’il y avait de mystérieux et troublant à ce corps dont j’étais tombé amoureux.
Je touchais le visage, la nuque, le dos, les fesses de Cynthia ; en effet, dans l’espace d’à peine une demi-heure, se produisaient des changements divers, mais minuscules. À peine les avais-je perçus que j’en doutais ; j’exagérais sans doute ; je décidai d’attendre, afin de comparer ce que je croyais avoir senti à ce que je sentirais la prochaine fois.
Cette méthode – si on peut l’appeler méthode – m’apporta peu. Car à chaque fois, voulant jouir du moment présent, je reportais à plus tard le moment où je me livrerais à cette comparaison, voulant à tout prix éviter qu’elle empiète sur mon plaisir ; finalement, enivré par les caresses de Cynthia, j’oubliai ce que je m’étais promis de faire.
Ce n’est qu’alors, une fois que je m’étais dégagé de cette contrainte peu efficace, qu’en caressant Cynthia, je sentis comme une différence, infime, dans l’ossature de sa clavicule, qui me parut moins fine que d’habitude, comme raffermie – différence infime mais bien réelle et qui, au lieu de disparaître, se maintint pendant quelque temps, s’amenuisa puis à nouveau s’accentua. Mais cette altération de son corps, indéniable au toucher, ne pouvait être corroborée par ce que je voyais, la chambre étant constamment plongée dans la pénombre.
J’avais toujours aimé toucher les mains de Cynthia, dont je massais les doigts, un à un, en caressant le creux de la main jusqu’au poignet, après quoi, régulièrement, j’entrelaçais mes doigts aux siens – geste de rapprochement que feraient des amoureux, déambulant main dans la main dans la ville.
Cette fois-ci, ce fut elle qui, à un moment donné, déjà tard dans la nuit, prit ma main et commença à la caresser, avec lenteur, attention, douceur, puis remonta jusqu’au bras, qu’elle caressait, palpait, en s’attardant longuement sur le coude, qu’elle effleurait puis massait comme si c’était un organe hypersensible (ce qui, en effet, à ma surprise, rendit tout mon coude sensible au moindre effleurement) pour ensuite redescendre jusqu’au poignet et de là jusqu’à la paume de la main. Jamais elle ne l’avait fait.
Peut-être voulait-elle me faire sentir que chaque partie de notre corps a la même sensibilité et donc mérite la même attention, les mêmes caresses ? À ce moment-là, je crus surtout qu’elle avait eu l’intention de me choyer exactement comme je l’avais choyée, convaincue que je ne pouvais que donner les caresses que j’aurais voulu recevoir. Mais bientôt j’eus une sensation particulière, le pressentiment vague que Cynthia, lasse d’avoir dû subir mes caresses, avait décidé d’inverser les rôles : elle devenait celui que j’avais été jusque-là : quelqu’un qui, enchanté par l’être aimé, étonné que cet être aimé ait bien voulu l’aimer à son tour, dans un élan de reconnaissance instinctive, ne cherchant plus qu’à l’en remercier, inlassablement, à outrance presque, lui prodigue caresse sur caresse.
Bientôt ce n’était plus une main hésitante, mais une main forte, vigoureuse qui cherchait la mienne, la posait sur le drap, s’y attardait, la caressait, la contournait, la tapotait, à nouveau la caressait, puis, tout à coup l’immobilisait ; main lourde, impérieuse, qui restait posée sur la mienne jusqu’à ce que j’enlace mes doigts à ceux de Cynthia.
À mes yeux c’était une preuve, tactile et tacite pour ainsi dire, que Cynthia m’aimait, qu’elle cherchait à imprimer à notre passion, qui n’avait été que physique, une autre dimension, plus intime, plus personnelle, celle de l’amour; mais j’y vis une autre preuve aussi – celle que j’avais recherchée - : Cynthia avait en effet changé ; car sa main, même lorsqu’elle enlaçait la mienne avec passion, n’avait jamais eu cette détermination, n’avait jamais exercé cette même pression – pression si grande qu’il m’eût été impossible de retirer ma main, même si je l’avais voulu.
D’autres observations, toutes tactiles, vinrent confirmer l’impression que Cynthia changeait, presque sous mes doigts.
Sa taille, dont j’avais jusqu’alors pu deviner l’endroit précis entre le torse et les fesses en approchant ma main d’un geste las, confiant – cette taille, soudain capricieuse, s’échappait à mon toucher, même si Cynthia, devinant mon intention, après m’avoir nargué en se contorsionnant ou en bougeant d’un bout du lit à l’autre, en riant doucement, restait enfin immobile, silencieuse, couchée sur le dos, les bras repliés vers le haut, les mains nouées sous la tête.
À peine avais-je constaté, n’arrivant toujours pas à y croire, que la courbe de sa taille semblait disparue, qu’elle prit ma main droite, la posa sur ses cuisses ; elles me parurent fermes, « gonflées par l’effort » dirait le Poète, comme si Cynthia venait de marcher pendant des heures. Elle reprit ma main, la laissa glisser le long de ses hanches, moins arrondies que d’habitude, de ses côtes, de ses aisselles, la fit suivre l’os de la clavicule jusqu’au cou ; ce cou, long et fin, élégant, qui lui donnait un air indifférent et altier, avait un je ne sais quoi d’écourté, de ramassé.
Elle lâcha ma main qui retomba un instant sur ses cheveux, épars sur les draps. Je décidai d’explorer son visage comme si je le tâtais pour la toute première fois. Son menton, comme pour dénier catégoriquement le rêve cauchemardesque que j’en avais fait, au lieu de s’être allongé en pointe, s’était au contraire renfoncé, élargi ; menton qui, tout parfait qu’il était, pris en soi, ne cadrait pas avec le corps de Cynthia et encore moins avec son visage tel que je venais de le voir, quelques heures plus tôt, dans la salle de l’Érotérion.
Mon index fit le tour de ses narines, remonta vers le haut ; l’arête de son nez, que j’adorais toucher, en m’étonnant de son extrême minceur, me parut légèrement aplatie ; la naissance du nez avait grossi, ce qui, en dépit de la minceur presque diaphane de son nez, assurément lui donnait un air plutôt grossier.
Cynthia ne dit rien ; mais je sentais, au rythme de sa respiration qui s’était ralentie, qu’elle suivait chacun de mes gestes avec attention.
Après avoir fermé ses paupières, je tâtai ses sourcils, en appuyant légèrement sur l’arcade sourcilière ; la petite jonction entre ses deux sourcils était encore là. Mais cette raie fine, insolite que j’avais déjà remarquée lors de notre première rencontre était devenue une raie bien marquée, comme tracée par un crayon gras ; elle se prolongeait en une seule ligne droite, de plus en plus large et touffue au-dessus de ses deux yeux.
D’ailleurs, où était passée la petite inflexion vers le haut de ses sourcils, précisément au milieu de ceux-ci ; sourcils qu’il lui suffisait de rehausser légèrement pour se donner un air des plus sévères, ironiques, enfantins ou implorants ? Et pourquoi ses pommettes étaient-elles plus saillantes que d’habitude ? Ses joues par contre, rebondies, à la peau lisse (signes, à mes yeux, de vigueur et de santé), étaient creuses. Depuis l’amorce de la mâchoire jusqu’au menton, sa peau, que je savais duvetée aux bras et quelque peu sur les joues jusqu’aux oreilles, semblait recouverte d’une très fine couche de duvet rêche et dru.
J’envie nos meilleurs écrivains qui, avec un mélange raffiné de précision et de retenue, par de petites touches suggestives, pareilles à des brillants dont ils parsèment leurs écrits toujours décents, arrivent à évoquer les transports de l’amour ; j’aimerais partager leur maîtrise de la parole. Je n’ai rien d’un écrivain, rien d’un poète. Je veux vous faire vivre et sentir, avec toute la brutalité et l’inexpérience de mes vingt-deux ans, de quelle façon et avec quelle rapidité le corps de Cynthia changea ; j’en étais étonné plus qu’effrayé.
Je continuai à l’aimer – toute cette longue nuit.
Parfois c’était moi qui l’adorais, la caressais ; puis, c’était elle qui prenait la relève. Si alors elle posait sa main sur la mienne, il m’était impossible de la dégager. Je n’en avais plus la force. J’avais de la vigueur, mais elle était toute intérieure : elle cherchait à se communiquer à ma peau, mes bras, mes mains mais n’y parvenait pas. Ma sensibilité à fleur de peau rendait chaque caresse que je recevais insupportable ; car chaque caresse était une invitation pressante à chercher à m’unir à Cynthia, tout en subissant les caresses qu’elle m’infligeait, à continuer à trouver ce quelque chose qui ferait cesser la douleur et l’inertie dont je souffrais.
Je sentais des émotions contraires qui se succédaient et parfois se produisaient au même moment, sans même s’exclure mutuellement : langueur et frénésie ; rage d’agir, de répondre aux caresses de Cynthia, impuissance de le faire ; désir de m’abandonner, sans que jamais cela ne s’arrête, aux caresses que je recevais ; désir de la submerger, elle, Cynthia, de caresses, jusqu’à ce que je la voie tressaillir et s’évanouir après un petit cri de bonheur ; certitude tranquille que nous arriverions à éliminer chaque obstacle qui nous séparait ; résignation, parfois teintée de désespoir (sentiment que je n’avais jamais connu jusque cette nuit-là) : non, jamais, au grand jamais Cynthia et moi nous n’arriverions à nous débarrasser de ce quelque chose de sournois, de méchant, de malicieux issu de la désunion qui est le mal – car, oui, je suis convaincu que le mal est désunion, la désunion étant le mal : ce sont les deux faces d’un seul monstre, celui du malheur qui nous marque tous ; désir assouvi qui pourtant, toujours sur sa faim, s’acharnait à trouver autre chose encore de plus comblant, de plus rassasiant que la satisfaction dont il venait de jouir.
C’était gloutonnerie, non pas du plaisir, mais du désir d’union, une lutte désespérée que nous menions de front, l’un contre l’autre, avec l’autre, tous deux poussés par le même désir de nous retrouver en dépit de nos corps qui à la fois nous séparaient et étaient seuls capables de nous unir.
Je n’existais plus que par les caresses que je donnais et recevais, non pas pendant quelques heures, mais pendant des journées entières. En effet, je restai dans cette chambre pendant plusieurs jours (je ne m’en suis rendu compte que plus tard, en retournant à l’hôtel) ; j’en oubliai où je me trouvais.
Après coup, je sais que pendant ces longues heures nous cherchions à abolir les entraves à l’amour vrai, complet, intégral, celui de la perte de soi, ou plutôt, comme il s’est avéré plus tard, de la transition de soi dans l’autre ; cet amour qu’on appelle, à Sparte II, celui de la transformation.
Et donc, non, non, je vous le dis sans hésiter un seul instant, il ne s’agissait pas de liberté, de jouissance à l’état brut ou pur, ni de tendresse ou d’amour, ni même de loyauté, d’engagement, ni de droit civil ou d’accomplissement de soi dans le respect de l’autre, dans l’entente, la joie et l’abandon – tout cela n’existait plus. Nous nous transformions l’un l’autre, chacun de nous se transformant en celui qu’il aimait, grâce à celui qui l’aimait.
Je ne peux, pour vous résumer ce qui m’avait paru une seule nuit d’amour (qui, comme je l’ai dit, dura plusieurs jours), que vous décrire le moment où je pris pleinement conscience de ce qui s’était passé. Ce fut le moment où, assis devant le miroir où d’habitude s’asseyait Cynthia, je refusai de regarder devant moi ; je savais déjà ce que je verrais. Je me retournai ; je vis vaguement une silhouette assise sur le lit : une silhouette qui rappelait la mienne et que je n’avais jamais vue que reflétée dans un miroir ; la voilà qui s’était incarnée dans mon dos, sur le lit. De cette silhouette sortait une voix basse, sonore, disant des choses anodines, sans intérêt, sur un ton de satisfaction, de confiance. L’accent m’était familier : je n’eus aucun mal à le localiser, après à peine quelques mots. C’était l’accent des habitants du dème de Sophrosynè. Restait la voix que d’abord je ne reconnaissais pas ; une voix pourtant très familière, plus proche de moi que celle de mon père, de mon frère et de ma sœur…
Voilà l’image qui résume cette effroyable nuit d’amour.
Déjà, pourtant, j’en avais deviné l’essentiel, à tel point que, tout en ne sortant pas du lit, tout en continuant à embrasser Cynthia, tout en subissant ses caresses (et à chaque fois les mêmes émotions contradictoires dont je viens de parler surgissaient et se fondaient en une nouvelle émotion plus puissante et envahissante que les émotions dont elle était issue), je m’étais posé cette question: si Cynthia changeait, en quoi changeait-elle ? Elle changeait physiquement, en prenant des traits qu’on pourrait appeler masculins ; bien ; mais comment m’assurer qu’au niveau mental elle gardait sa personnalité, son « moi » ? Cynthia resterait-elle Cynthia ? Il était fort probable que, là aussi, elle changeât. En qui ?
Ce fut là un nouveau questionnement, qui s’ajouta au constat de sa transformation physique. Puis, soudain, en récapitulant ce que j’avais ressenti, en me formant une image de ce à quoi ressemblerait Cynthia si je la voyais, maintenant, en pleine lumière, je compris la lamentable étroitesse de mes vues. Il ne s’agissait pas d’une seule transformation, mais d’une transformation réciproque, qui nous touchait tous deux.
Constat affolant : si, en effet, nous nous fondions l’un dans l’autre jusqu’à devenir l’autre, Cynthia revêtirait mon corps et je revêtirais le sien. Je perdrais ma personnalité. Je deviendrais elle : j’adopterais ses modes de pensée, je vivrais sa vie. Ce qui signifiait que je passerais le reste de ma vie ici, prisonnière de l’Érotérion, confinée à la salle d’attente et à la chambre à coucher, celle-là même où je me trouvais, pour y faire l’amour à des hommes. Cynthia, devenue moi, viendrait me rendre visite, ferait l’amour avec moi, chaque nuit, convaincue que je l’aimais et qu’elle m’aimait – en oubliant que je ne sortais jamais de l’Erotérion, qu’au lieu d’être son amant, j’étais un être sans nom, sans liberté, à la disposition de quiconque arrivait à entrer dans l’Erotérion.